Il est connu que nous passons près de 80 % de notre temps enfermés à l’intérieur de bâtiments privés (maison, appartement, bureaux…) ou accueillant du public (lieux de loisirs, administrations, écoles, magasins…). Or, une étude rendue publique par l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur en 2006 a révélé que la qualité de l’air intérieur n’est pas meilleure que celle d’un espace ouvert. Bien que souvent négligée, la problématique de la pollution intérieure est devenue une préoccupation pour la santé publique. Cette pollution s’explique par l’usage au quotidien de produits et objets qui émettent des substances toxiques tels que les COV (composés organiques volatils) ainsi que le monoxyde de carbone. Ces nombreux facteurs peuvent entre autres provoquer des allergies, de la toux, des maux de tête ou des crises d’asthme. Pour y remédier, il convient de réglementer la qualité de l’air et de chercher des solutions à cette problématique.
L’air intérieur : sa composition
De manière générale, l’air que nous respirons est constitué d’un mélange gazeux : 78,08 % d’azote, 20,95 % d’oxygène et 1 % d’autres gaz rares chimiquement neutres (hélium, argon, krypton, néon, xénon…). Dans les basses couches, vous retrouverez de la vapeur d’eau, du dioxyde de carbone, du protoxyde d’azote, du méthane, ainsi que des traces de dihydrogène, de radon, d’ozone. Tout cet ensemble forme du gaz sec (de masse molaire égale à 28,966), considéré comme un gaz parfait.
Instinctivement, nous respirons en moyenne 15 litres d’air au quotidien. L’air est ainsi indispensable puisqu’il permet de protéger et de maintenir la vie de tout être vivant. Si le dioxygène est l’essence même de la vie en permettant de respirer, le dioxyde de carbone régule le climat terrestre en participant à l’effet de serre. Il faut toutefois savoir que l’air n’est pas pur à 100 %. Il est saturé par divers polluants émis par l’homme à travers ses activités domestiques et professionnelles, mais aussi par la nature. Cette pollution a de réelles répercussions sur la santé des êtres vivants et de l’environnement.
Les différents polluants de l’air
Les sources de pollution de l’air à l’intérieur de nos logements sont variées et nombreuses.
Les polluants biologiques
Les bio-contaminants incluent les virus, toxines, bactéries, moisissures, allergènes issus des animaux domestiques, insectes, acariens et plantes, ou proliférant dans les équipements de confort mal entretenus (ventilation, climatisation…). Ces agents infectieux peuvent entraîner différentes infections. Ils peuvent servir d’indicateurs microbiologiques de contamination fongique de l’air intérieur.
Les polluants chimiques
– le monoxyde de carbone (CO) : c’est un gaz inodore et incolore qui s’avère mortel en cas de forte concentration. Il est émis par les appareils de production d’eau chaude à combustion ou les appareils de chauffage mal réglés ou vétustes. Vertiges, maux de tête, somnolence, faiblesse des jambes, nausées, vision floue, syncope font partie des symptômes d’intoxication ;
– les COV (composés organiques volatils), dont les hydrocarbures (benzène), les solvants organiques, les éthers de glycol, le formaldéhyde). S’évaporant à température ambiante, on les retrouve dans les peintures, colles, feutres, parfums chimiques, produits de nettoyage, ainsi que le bois traité.
– les COSV (composés organiques semi-volatils) : dont les phtalates, les bisphénols, les pyréthrinoïdes, les muscs, les HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques). Ils sont présents dans le plastique, les revêtements, les biocides, les retardateurs de flamme, ou encore les produits de traitements du bois ;
– la fumée de tabac : contenant plus de 3000 substances dangereuses, c’est la principale cause de pollution dans les espaces clos ;
– les fongicides, les pesticides, les insecticides…
Les polluants physiques (particules et fibres)
Dans un bâtiment, il existe de nombreuses sources d’émission de substances polluantes en suspension dans l’air : les produits d’entretien, les peintures, les matériaux de construction, les meubles, les matériels servant pour les activités comme la cuisine, le ménage ou le bricolage. La tristement célèbre amiante est la très cancérigène de toutes les particules. Quant à la poussière, c’est la plus petite des particules que vous pouvez inhaler. Elle est constituée de fumées, spores, pollens, suies et autres allergènes. Les fibres naturelles et synthétiques telles que la cellulose, le chanvre, la laine de roche/verre, le sisal émettent également des particules dans l’air.
Les polluants extérieurs naturels
il peut s’agir des pollens, des gaz émis par la circulation automobile (dioxyde de carbone, le radon…), mais également des charges électromagnétiques.
Les gaz radioactifs
Le radon est un gaz incolore et inodore. L’exposition et l’inhalation à forte dose de ce gaz sont dangereuses, car cela peut entraîner un cancer pulmonaire. Après le tabac, c’est la deuxième cause de mortalité par cancer du poumon en France. Le radon s’accumule notamment dans les endroits où il n’est pas facile de renouveler l’air.
L’humidité, un facteur intrinsèque
Bien que l’humidité ne soit pas directement considérée comme polluante, elle peut entraîner la dégradation de la qualité de l’air intérieur. Les sources d’humidité dans une maison sont nombreuses : respiration, douche, cuisson, séchage de linge, chauffage d’appoint (mobile). L’humidité favorisant le développement des moisissures et des acariens ainsi que l’émission de COV par la dégradation des colles sur les meubles, il n’est pas conseillé d’y vivre.
Le CO2, un excellent indicateur de la qualité de l’air
Très présent dans les maisons, le gaz carbonique (CO2) est l’une des principales causes de la pollution intérieure. Si une partie vient de l’extérieur, l’autre vient des individus. Il apparaît que lorsque nous respirons, nous produisons et rejetons du CO2 dans l’air. Cela a pour conséquence d’augmenter la concentration d’air dans les espaces intérieurs clos où sont concentrées de nombreuses personnes et dont la ventilation est insuffisante, comme les bureaux, les écoles, les magasins, les habitations et tout autre espace clos. Le taux de CO2 idéal est inférieur à 1000 ppm en intérieur.
Conséquences de la mauvaise qualité de l’air sur la santé
Le fait d’évoluer dans une atmosphère polluée sur le long terme peut avoir de lourdes conséquences sur la santé. En respirant de l’air très chargé en CO2, vous augmentez automatiquement la concentration de bicarbonate dans le sang et tout votre organisme, cela pour le maintien de votre équilibre. Malheureusement, cette concentration de bicarbonate modifie l’équilibre acido-basique et cause un déséquilibre rénal et neurologique.
Selon une étude réalisée aux USA en 2016, les performances cognitives et la production des employés de bureaux évoluant dans un espace à fort taux de CO2 sont réduites de moitié.
Cette mauvaise qualité de l’air intérieur peut aussi induire l’apparition de symptômes tels que la fatigue, les maux de tête, les vertiges, l’asthme, les manifestations allergiques, ou encore une irritation de la peau, de la gorge, du nez ou des yeux. A plus forte raison, la plupart des polluants intérieurs sont cancérigènes.
Surveillance de la qualité de l’air réglementée
Depuis le 1er janvier 2020, la surveillance de la QAI (Qualité de l’Air Intérieur) dans les ERP (établissements recevant du public mineur) a été mise en place.
Sont concernés par cette mesure les :
– les crèches
– les haltes-garderies,
– les écoles maternelles et primaires,
– les collèges publics et privés,
– les lycées publics et privés d’enseignement général, technologique ou professionnel,
– les centres de loisirs,
– les colonies de vacances,
– les établissements sanitaires et sociaux prenant en charge les mineurs éloignés de leur familles pour des problèmes d’ordre social, les mineurs délinquants, les mineurs handicapés…
Quiconque peut s’impliquer pour évaluer et surveiller la QAI, que ce soit à son domicile, sur son lieu de travail ou en milieu scolaire. Cette responsabilisation inclut entre autres la mesure de 4 polluants : du benzène, du formaldéhyde, du dioxyde de carbone (en tant qu’indicateur de confinement) et du perchloréthylène au cas ou l’ERP se trouve à proximité d’un pressing. Si d’après les analyses, le seuil réglementaire de l’un des polluant mesurés est dépassé, une nouvelle campagne de mesure sera réalisé dans un délai de 2 ans.
Une étude a démontré qu’une bonne qualité de l’air intérieur a un impact sur le bien-être des élèves, leur apprentissage ainsi que le taux d’absentéisme (nette diminution). Une surveillance de la QAI permettrait d’en profiter et ainsi d’avoir une bonne santé. Cette démarche implique nécessairement la mise en œuvre d’actions réglementaires tel que l’autoévaluation à partir des outils fournis par le Ministère de la Transition écologique et solidaire, l’évaluation des moyens d’aération des ERPs, le bilan de l’évaluation, la mis en place du plan d’action.
Comment réduire la pollution de l’air intérieur ?
Pour limiter la pollution de l’air intérieur, différentes actions sont à mener :
– Réduction des sources de pollution : produits odorants, tabac, matériel, mobilier… Pour pouvoir maîtriser leurs usages, il convient de bien connaître leur composition. Il faut également utiliser les chauffages d’appoint avec précaution ;
– Utilisation de produits et matériaux moins polluants écolabels ou dotés d’un étiquetage A+ ;
– Aération et ventilation des lieux : le renouvellement de l’air dans les espaces communs permet d’inverser la tendance. Cela implique une aération et une ventilation de chaque pièce au quotidien, mais aussi l’installation d’un système d’extraction d’air (VMC) qui aspirera l’air intérieur pollué et qui fera entrer de l’air purifié. Il ne faut pas non plus oublier d’entretenir régulièrement le système de ventilation.